La fiabilité des sites et applications notant les aliments

Plusieurs sites et applications ont été lancés ces dernières années avec l'objectif de noter les aliments pour aider le consommateur à faire de meilleurs choix nutritionnels. La plupart de ces sites et applications notent les aliments sur la base de l’algorithme du Nutri-Score. Ce dernier est un procédé de notation mis au point par une équipe de chercheurs français également impliqués dans le Programme national nutrition santé. Il est censé aider le consommateur à choisir ses aliments industriels en leur attribuant une note sur une échelle de 5 niveaux de A à E, qui détermine en théorie la qualité nutritionnelle du produit.
Il s'inspire d'un score conçu en 2005 en Grande-Bretagne pour réguler les publicités alimentaires à destination des enfants et prévenir l'obésité ; ce score britannique réductionniste méconnaît de nombreux développements récents dans le domaine de la nutrition, à commencer par la notion de transformation. Même si les déterminants de l'obésité sont multiples, les initiatives britanniques ont du reste été impuissantes à enrayer la dégradation de la situation chez les enfants : selon un rapport publié en 2019, le taux de l'obésité morbide au Royaume-Uni chez les 10-11 ans atteignait des records pour la quatrième année consécutive : 4,4% des 10-11 ans sont concernés, contre 2,4% seulement en 2006. Les autorités sanitaires britanniques reconnaissent d'ailleurs que les objectifs de réduction de l'obésité infantile, détaillés au début des années 2000 sont actuellement "hors d'atteinte".
Certains sites et applications se servent du seul Nutri-Score pour évaluer les produits. D’autres applications notent, quant à elles, les produits de 1 à 100 grâce à des algorithmes qu’elles ont conçu, en utilisant le Nutri-Score pour prendre en compte la qualité nutritionnelle (calories, protéines, lipides, glucides, sel, fibres) mais en modulant la note attribuée à un produit par d’autres critères tels que la présence d’additifs et l’origine du produit (bio, label rouge…). C'est par exemple le cas de Yuka. Mais même en modulant la note par ces autres critères, les résultats sont proches de ceux obtenus avec le seul Nutri-Score, notamment pour les produits bien notés, et les produits mal notés.