Les huîtres, une espèce menacée ?

Chaque année, des milliers de tonnes de plastiques finissent dans les océans, ce qui a un impact sur la vie marine. Régulièrement, la presse se fait l’écho de cas de tortues dont l’estomac est rempli de plastiques. Des animaux peuvent se trouver piégés dans des sacs plastiques et mourir de faim ou d’étranglement, comme l’explique la fondation Tara Océans. Les objets plastiques qui baignent dans l’eau se dégradent et forment de minuscules particules, mesurant moins de cinq millimètres : les microplastiques. Moins visibles que les gros déchets, ces microplastiques posent cependant de nombreux problèmes à la faune marine qui les consomme. C’est par exemple le cas des huîtres. Que provoquent les microplastiques chez ces animaux ?
Dans un article paru sur le site de The Conversation, Arnaud Huvet, chercheur à l’Ifremer, décrit des résultats obtenus par son équipe sur l’huître creuse, Crassostrea gigas. Au laboratoire, les chercheurs ont exposé les huîtres à des microparticules de polystyrène pendant deux mois. Ils ont ainsi montré que la consommation de microplastiques affectait la reproduction des huîtres, puisqu’elles produisaient moins de gamètes mâles et femelles. Les chercheurs ont observé la présence des microparticules dans le tube digestif de l’huître, preuve qu’elles étaient bien consommées. D’après le chercheur, « c’est vraisemblablement une perturbation chimique de type endocrinienne qui aurait réduit la qualité des gamètes produits. »
Quand les chercheurs ont essayé de réaliser des fécondations en mélangeant les gamètes mâles et femelles, ils se sont aperçus que la fécondité était affectée : les huîtres exposées aux microplastiques produisaient 40% de larves en moins ! De plus, les larves qui se formaient malgré tout présentaient des retards de croissance. D’après Arnaud Huvet, « des nanoplastiques ont été observés par microscopie électronique collés à la surface des spermatozoïdes, ce qui empêcherait leur mobilité nécessaire pour féconder l’ovocyte. » Cependant, il faut noter que ces travaux ont été réalisés avec des doses élevées de microplastiques, plus importantes que celles observées dans la nature.