Le vin rouge donne-t-il toujours mal à la tête ?

Un verre de vin rouge peut donner mal à la tête, rapidement après avoir été consommé. Vous l’avez sûrement remarqué, sans savoir pourquoi. Des chercheurs de l’Université de Californie ont levé le mystère, en étudiant une douzaine de composés de la boisson. Et bien que soient régulièrement accusés les tanins, les flavonoïdes ou les sulfites du vin, il semblerait que cela soit le responsable soit en réalité une autre molécule.
Antioxydant naturel, la quercétine est une substance présente dans la peau et les grains de raisins. Retrouvée presque exclusivement dans le vin rouge, elle est transformée dans le corps en diverses substances. L'une d'elles, le glucuronide de quercétine, est particulièrement efficace pour bloquer l'enzyme qui convertit l'acétaldéhyde en acétate. Et c’est ce qui pourrait expliquer les maux de tête.
En effet, en supprimant cette enzyme, l'acétaldéhyde s'accumule dans la circulation sanguine. Et à des niveaux élevés, il provoque des maux de tête, des nausées, et des sueurs. "Nous pensons être enfin sur la bonne voie pour expliquer ce mystère vieux de mille ans" indique Morris Levin, directeur du "Headache Center" de l’Université de Californie.

La quantité de quercétine jouerait donc un rôle dans l’apparition de ces symptômes. Et il y en aurait davantage dans les vins issus de raisins gorgés de soleil. Selon les chercheurs, certains vins rouges en contiendraient cinq fois plus que d’autres.
Ils notent également que ce phénomène ne touche pas tous les buveurs. "L’étape suivante consiste à effectuer des tests scientifiques sur les personnes qui développent ces maux de tête" ajoute donc Morris Levin. "Il sera potentiellement très utile pour les personnes qui boivent du vin rouge pour pouvoir choisir les vins moins susceptibles de provoquer des maux de tête. De plus, les vignerons peuvent utiliser nos résultats pour réduire la quercétine dans leurs vins".

Interrogé, le Dr Christophe de Jaeger, physiologiste, estime que les résultats de cette étude sont cohérents. "Une fois que cette réaction enzymatique est découverte, la question est désormais de savoir s'il faut la bloquer, afin de permettre une plus grande tolérance à l'alcool et au vin rouge en particulier ?" se demande le spécialiste. "Cela pourrait rendre une consommation d'alcool possible pour des personnes qui ne peuvent plus en boire, par exemple".