L'impact des taxes sur les boissons sucrées

Les boissons sucrées qui contiennent du sucre ajouté -notamment sous forme de saccharose ou de sirop de glucose-fructose- nuisent très sérieusement à la santé de ceux qui les consomment : elles augmentent en effet le risque de surpoids, diabète, infarctus, vieillissement accéléré, décès prématuré, insuffisance rénale. Il y a urgence à faire comprendre au consommateur qu’il a tout intérêt à les bannir. Mais si l’information est importante elle peut ne pas être suffisante. La taxe sur les boissons sucrées peut-elle aider à faire reculer leur consommation ?
Depuis 2013, la plupart des boissons sucrées, quelle que soit la quantité de sucre qu’elles contenaient étaient taxées à raison de 7,53 € par hectolitre. Dans la nouvelle loi de 2018, les boissons qui contiennent moins de 5 g de sucres ajoutés par litre ne sont plus taxées. A partir de 5g/l, plus il y a de sucre ajouté dans la boisson, plus la taxe est élevée. Par exemple, auparavant, pour une boisson qui contenait 15 kg/hl de sucre ajouté, la taxe était de 7,53 € par hectolitre, aujourd'hui elle est de 23,5 €.
Inspirées des taxes sur le tabac, les taxes sur les boissons sucrées entraînent une baisse mécanique de leur consommation. En 2014, une taxe sur les boissons sucrées vendues au Mexique a conduit à une baisse des ventes de ces boissons de 5,5% en 2014 et de 9,7% en 2015. La taxe sur les boissons sucrées imposée le 1er mars 2015 par la ville de Berkeley en Californie (comme dans d’autres villes ou territoires américains) a entraîné un an plus tard une diminution de 9,5% des ventes de sodas et une augmentation de 15,6% des ventes d’eau en bouteille. Dans une étude parue en février 2019, des chercheurs exposent les résultats 3 ans après la mise en place de la taxe à Berkeley. Pour cela, ils ont réalisé des enquêtes auprès de la population et ont interrogé 1.513 personnes dans divers quartiers de Berkeley entre 2014 et 2017 ainsi que 3.712 personnes dans les villes voisines d’Oakland et de San Francisco qui n’avaient à l’époque pas encore mis en place de taxe sur les boissons sucrées.
Les chercheurs rapportent une diminution de 52% de la consommation de boissons sucrées parmi les habitants ayant de faibles revenus, qui sont également les plus touchés par les maladies cardiovasculaires et le diabète. La consommation d‘eau a aussi augmenté de 29% pendant ces 3 ans. Les villes voisines d’Oakland et de San Francisco n’ont pas connu la même baisse durant la même période. Cette étude permet de démontrer que les taxes sur les boissons sucrées peuvent représenter un outil efficace pour encourager des habitudes de consommation plus saines.