L'impact du fer sur la santé

Plusieurs travaux récents, dont nous rendons compte, montrent que des suppléments de fer classiques (sulfate, fumarate, gluconate) peuvent endommager les cellules, à des doses correspondant aux traitements habituellement prescrits. En réalité, cela fait bien longtemps que le Dr Jean-Paul Curtay tente d’attirer l’attention sur les risques liés à la supplémentation en fer. Le fer est en effet un oligo-élément très particulier.
Le fer nous est indispensable, ne serait-ce que comme constituant du sang. Environ 70 % du fer corporel se trouve dans les globules rouges du sang sous la forme d’hémoglobine et dans les cellules musculaires comme myoglobine. L'hémoglobine est essentielle au transport de l'oxygène des poumons vers les tissus. La myoglobine, dans les cellules musculaires, accepte, stocke, transporte et libère de l'oxygène. Environ 6% du fer entre dans la composition de certaines protéines essentielles pour la respiration. Le fer est également nécessaire à la fonction immunitaire.
Mais le fer est un nutriment atypique. Le corps le stocke dans une protéine appelée ferritine et le transporte dans une autre protéine appelée transferrine. Il y a donc très peu de fer libre dans le corps. Voilà qui tranche par exemple avec d’autres minéraux comme les ions calcium libres (dans le sang) ou les ions potassium libres (dans les cellules). Il y a deux raisons pour lesquelles le fer est « corseté » ainsi dans des protéines. La première, c’est que le fer (ferrique) n’est pas soluble dans l’eau. L’autre raison, c’est que le fer libre des médicaments et des aliments enrichis (fer ferreux) peut être toxique pour nos cellules. Le fer ferreux peut réagir dans l’organisme avec du peroxyde d’hydrogène (un radical libre, en fait de l’eau oxygénée) pour donner du fer ferrique avec au passage la production d’un autre radical libre particulièrement agressif, le radical hydroxyle. Le corsetage du fer par des protéines prévient ces effets toxiques du fer. Mais ce mécanisme de protection peut être débordé lorsqu’on prend des suppléments de fer sous la forme de fer libre, qu’on mange trop d’aliments riches en fer comme la viande rouge et les charcuteries ou qu’on avale tous les jours des aliments enrichis en fer comme les céréales du petit déjeuner.