L’impact des oméga-6 et des oméga-3

La qualité des graisses alimentaires intervient dans la santé et la réparation des reins et du cœur après un infarctus selon plusieurs travaux. Parmi les graisses alimentaires, les huiles polyinsaturées sont très largement consommées. Elles comprennent des graisses riches en acide linoléique, un acide gras de la famille oméga-6 (huiles de tournesol, maïs, carthame, pépins de raisin, soja...) ou en un acide gras de la famille oméga-3, l'acide alpha-linolénique (huiles de lin, cameline, colza, noix...).

Les acides linoléique oméga-6 et alpha-linolénique oméga-3 sont indispensables, mais on considère que dans l'alimentation, le ratio entre les deux familles devrait idéalement être proche de 1, en tous cas pas supérieur à 5. Mais sous la pression du marketing des aliments ultra-transformés (comme les margarines), la consommation d'oméga-6 est aujourd'hui 10 à 15 fois supérieure à celle d'oméga-3. Ceci pourrait avoir des conséquences en cas d'infarctus.
Une équipe de chercheurs de l'Université de Floride du Sud (Tampa) vient de découvrir de quelles manières certaines graisses peuvent abîmer ou au contraire réparer le cœur après qu'il ait été endommagé. Le message clé de l'étude : l'acide docosahexaénoïque (DHA) oméga-3 agit de pair avec les enzymes de la rate pour éliminer l'inflammation dans un cœur endommagé par un infarctus. La rate joue un rôle important car elle envoie vers le cœur des cellules immunitaires associées à des graisses pour favoriser la réparation cardiaque après une blessure majeure telle une crise cardiaque.

La même équipe a montré qu'un apport alimentaire chronique et excessif en huile de carthame, une graisse de la famille oméga-6, peut entraîner une inflammation résiduelle de la rate, des reins, du cœur et la biosynthèse de médiateurs pro-inflammatoires après un infarctus. Les huiles végétales riches en oméga-6 sont largement utilisées dans les aliments ultra-transformés. Les chercheurs ont soumis 100 souris à un régime de 12 semaines d'aliments transformés riches en oméga-6. Puis 50 souris ont suivi un régime enrichi en DHA pendant les huit semaines suivantes avant de subir une chirurgie conduisant à un infarctus. Les souris nourries aux oméga-6 ont vu leur niveau d'inflammation augmenter, de pair avec des troubles rénaux. En revanche, les souris nourries au DHA ont connu une augmentation de la survie suite aux lésions cardiaques. Le DHA semble donc résoudre l'inflammation qui suit un infarctus, en synergie avec les enzymes de la rate. Les chercheurs de Tampa espèrent que ces derniers travaux "pourront apporter un nouvel éclairage sur le contrôle de l'inflammation chronique et le traitement de l'insuffisance cardiaque, une condition dégénérative dans laquelle le muscle cardiaque affaibli ne peut plus pomper suffisamment de sang pour répondre à la demande du corps en nutriments et en oxygène."