Quelle alimentation au volant ?

Pour votre départ en vacances, exit les chips, le double sandwich triangle jambon mayonnaise, le soda et le paquet de bonbons, sous peine de difficultés à rester vigilants au volant ! Selon une nouvelle étude de l'association Attitude Prévention, qui fédère les assureurs, les repas hypercaloriques typiques des aires d'autoroutes augmentent les risques de somnolence.
"La somnolence au volant est la première cause de mortalité́ sur autoroute, impliquée dans 1/3 des accidents mortels", explique l'association Attitude Prévention dans un communiqué, 1 sur 4 selon l'association Prévention Routière. Cette hypovigilance entraîne en effet des micro-sommeils "de 1 à 4 secondes", c'est-à-dire le temps de parcourir 150 mètres lorsque l'on roule à 130 km/h… Pourtant, s'alarme l'association, "près de 3 conducteurs sur 10 sous-estiment les effets de la fatigue sur leur conduite". Parmi les facteurs menant à la somnolence au volant, on compte certains médicaments, l'environnement du véhicule lui-même (température, bruit), mais aussi l'alimentation. Mais dans quelle proportion ?
C'est pour répondre à cette question que l'équipe, menée par deux médecins, l'un cardiologue-nutritionniste et l'autre endocrinologue, a examiné 32 femmes et hommes. Divisés en trois groupes, les sujets ont mangé soit un repas hypercalorique équivalent à 1.503 kilocalories (avec notamment chips, saucisson, hamburger, moelleux au chocolat), soit un repas normal d'environ 500 kilocalories (avec notamment poulet, légumes, yaourt), soit rien du tout : ceux-ci sont restés à jeun depuis la veille au soir. Puis les groupes ont tourné pour que chaque participant teste chaque type de repas.
Chacun a ensuite pris place dans un simulateur de conduite sur autoroute pendant 40 minutes. Un boitier muni d'un capteur optique infrarouge intégré au dispositif guettait les signes de somnolence sur le visage (mouvement des yeux, notamment) et la posture du conducteur, et les intégrait à l'aide d'algorithmes dédiés pour en déduire la vigilance. "Les résultats sont sans équivoque", commente l'association. Le repas hypercalorique a en effet altéré les capacités de freinage dans 100% des cas, augmenté la distance de freinage de près de 10 mètres et diminué significativement la vigilance chez 60% des conducteurs.
Parmi ces sujets, un individu a même atteint le niveau maximal "d’extrême somnolence". Avec un repas normal, la vigilance est altérée dans une moindre mesure : les capacités de freinage ont été altérées dans 75% des cas, entraînant une augmentation de la distance de freinage de 2 mètres en moyenne. Quant aux sujets à jeun, aucun n’a dépassé le niveau, "légèrement somnolent", considéré́ "comme normal après 40 minutes de conduite sur autoroute", et qui "n’a pas d’impact sur la capacité́ de freiner en cas d’obstacle", d'après l'association.