Nutrition et citoyenneté

A l’approche des fêtes de Noël et alors que s’achève au Parlement le débat sur la loi de financement de la sécurité sociale, la question d’une surtaxation de l’huile de Palme – la taxe « Nutella » du nom de la fameuse pâte à tartiner incorporant ce produit – est au cœur de l’actualité. Or elle soulève le problème de l’équilibre entre volontarisme fiscal et liberté de consommation, c’est-à-dire de la façon dont les individus prennent en main leur destin.
A juste titre, nombre de responsables politiques dans nos sociétés dites « avancées » s’inquiète de la montée de l’obésité du fait tant à une alimentation trop riche qu’au manque d’activités physiques. La France est moins concernée que d’autres comme les États-Unis en particulier où l’endémie est manifeste. Nous avons d’ailleurs le taux d’obésité parmi les plus bas de l’OCDE, notre pays n’en comptant pas moins selon les statistiques de cette organisation un obèse sur 10 personnes et une population en surpoids à hauteur de presque 40 %. Or le surpoids est en lien direct avec le développement des maladies cardio-vasculaires.

D’où l’idée discutée en France depuis quelques années d’une surtaxation de certaines boissons (boissons sucrées et bière), et maintenant des acides gras saturés telle que l’huile de palme. Le Sénat a voté un amendement portant la taxe sur ce produit de 100€ à 300€ la tonne. Cette proposition ne sera sans doute pas finalement retenue. Mais la controverse à laquelle elle a donné lieu vaut que l'on s’y arrête :

•Les discussions en France ont réveillé le fabricant italien de la fameuse pâte Nutella si prisée par les Français – jeunes et moins jeunes – qui en sont les premiers consommateurs au monde (2kg/an par habitant) qui a vanté comme jamais les mérites de son produit.
•Elles ont mobilisé les gouvernements des pays producteurs comme la Malaisie et l’Indonésie qui ont fait valoir que la production d’huile de palme – meilleure selon eux que certaines huiles « occidentales » – assurait la survie de centaines de milliers de petits exploitants.
•Sans compter que les associations de consommateurs et des experts internationalement reconnus en ont appelé à l’intervention des États pour stigmatiser un certain type de nutrition.